Zist, la revue post-créolité, vous invite à participer à son n° 23 intitulé “Créolisation(s)”. Sont bienvenues toutes les contributions aussi bien poétiques, fictionnelles que non-fictionnelles selon les critères que nous avons émis dans notre ligne éditoriale, tout comme les projets graphiques, artistiques ou photographiques. Il s’agit pour nous de rassembler une pluralité de visions des créolisations. D’enrichir le terme de visions nouvelles.
“Le monde se créolise…”
Le terme créole fait généralement référence à des populations, langues, poétiques et formes générées dans le Nouveau Monde, et singulièrement à la société de plantation issue du mélange européen et africain. Être créole, c’est être à la fois natif et exogène, être né dans un espace qui n’est historiquement pas celui de ses ancêtres. Le terme espagnol « criollo » signifie être né localement d’ancêtres exogènes. « Criollo » est un dérivé de « criar » signifiant élever, issu du latin « creare » : créer. Le terme « créole » s’appliquait à la fois aux Blancs nés aux colonies (dans le cas des Espagnols, des Anglais et des Français), et aux esclavisés, et enfin a servi à définir la langue issue de la plantation. La polysémie du terme lui confère un double aspect exclusif/inclusif.
Pour les auteurs d’Éloge de la Créolité c’est un “processus qui désigne la mise en contact brutale sur des territoires soit insulaires soit enclavés de populations culturellement différentes. [..] Réunis au sein d’une économie plantationnaire, ces populations sont sommées d’inventer de nouveaux schèmes culturels permettant d’établir une relative cohabitation entre elles. Ces schèmes résultent du mélange non harmonieux et non achevé de pratiques linguistiques, religieuses, culturales, culinaires, architecturales, médicinales etc…”.
Venant après le projet de réévaluation de l’apport civilisationnel noir qu’était la négritude, la créolité affirmait de nouvelles régions du monde. Il s’agissait de dépeindre leur richesse, leur diversité, tous les courants qui les ont traversés, toutes les strates qui les ont formées. Il s’agissait aussi de saluer une capacité d’adaptation face à l’adversité, face à l’étranger qui devient tout proche. Une identité qui peut se définir par sa créativité, son dynamisme car multiforme.
Mais alors que voulait dire Edouard Glissant quand il parlait de “monde qui se créolise”, quand le monde entier ne connaît pas cette exacte matrice de la plantation ?
Il dit que le phénomène historique qui a traversé les Amériques, avec ses spécificités, se rencontre dans d’autres régions du monde. Que la créolisation est un phénomène global où “les cultures du monde mises en contact de manière foudroyante et absolument consciente aujourd’hui les unes avec les autres se changent en s’échangeant à travers des heurts irrémissibles, des guerres sans pitié mais aussi des avancées de conscience et d’espoir”.
Foudroyante. Heurts. Guerres. Conscience. Espoir. La créolisation, ou peut-être devrons nous-dire les créolisations, n’est pas un processus univoque. Il ne s’agit pas de l’humanité toute entière réunie autour d’un feu et chantant kumbaya. Il n’est pas le métissage où l’idée de races, comme autant d’entités séparées, toujours pures, s’additionnent et créent de la valeur. La créolisation ce n’est pas 1+1 = 2. Elle ne se pense pas dans des termes classiques occidentaux du haut, du bon, du bien. De l’accroissement et de l’agrandissement.
Il s’agit de fragments. De feux d’artifices. De potentiels. D’explosions. Une célébration des bâtardises, des marges comme autant de centres, des hommes et des civilisations incomplètes et toujours en mouvement.
Pour la non-fiction : Zaka@zist.co
Pour la fiction : michael.roch@zist.co
Pour les travaux graphiques : les deux adresses plus haut
Date Limite : le 15 Novembre 2021