Le Mès Vié Nèg (du créole qui signifie littéralement « mœurs-de-nègres-incultes-non-civilisés-sauvés-par-la-bénédiction-de-la-Traite ») est un art millénaire originaire de l’Afrique de l’Ouest, échoué sur les terres d’Amérique, qui a cannibalisé les pratiques millénaires amérindiennes marronnes, puis les apports tamoul (migration des Indiens du Sud de l’Inde aux Amériques circa 1850).
On pourrait interpréter le MVN comme une arme miraculeuse mise en œuvre contre la misère bleue des migrations forcées mêlées aux survivances irruées de l’anéantissement des peuples amérindiens. C’est une migration des esprits qui ont traversé les eaux de la désolation (Océans Atlantique et Indien) en chevauchant le vent.
Le MVN a pour but d’harmoniser l’énergie environnementale d’un lieu, de manière à favoriser la santé, le bien-être et la prospérité de ses occupants. En Chine, on l’appelle généralement la discipline fēng shuǐ xué (风水学, « étude du vent et de l’eau ». Cet art vise à agencer les habitations en fonction des flux visibles et invisibles pour obtenir un équilibre des forces et une protection maximale contre les mauvais vivants, les esprits malveillants, les zombis et les soucouyans, les dorlis et les loups garous et aussi les esprits égarés du devant-jour.
Avant d’aménager ta maison, pense aux plantes que tu vas camper pour la protéger :
Accueille le roseau d’inde, frêle arbuste drapé du rouge d’Ogun qui repousse les esprits égarés ; n’oublie pas les plantes à épines féroces ; bougainvillées rouge qui n’enchantent que le touriste mais pas le zombi et fiche en terre les cactus, tels des épées qui laceront le passager à l’esprit mauvais.
Sache que le sens de la protection va de l’extérieur vers l’intérieur.
Ce sont des plantes gardiennes qui vont dépouiller celui qui franchit la barrière qui encercle ta maison, du mal invisible qu’il pourrait porter avec lui.
Le pois d’Angole n’est pas seulement en terre pour tes repas de Noël, alors pense bien à le planter devant chez toi. Encore une plante à l’air fragile pourtant, elle te crie d’où elle provient.
Le citronnier vernaculaire à petits fruits que tu presses dans ton punch, han han ! Pas seulement. Il doit être planté aussi près de ta cuisine. Il chasse les « serpents ». Tu sais déjà.
Les Zindiens te disent de le couper en quatre parties égales et de le placer aux quatre points cardinaux de ton habitation pour la purifier, la protéger. Quand le citron a absorbé tous les impurs, tu jettes les parties jaunies sans regarder derrière toi.
Et le pied de piments, ne le plante pas n’importe où. C’est le feu. Pense aux quatre éléments. La terre, le feu, l’eau et l’air. Mais crains le fromager. Les ombres ont toutes voyagé avec lui et les soirs sans lune, elles dansent sous ses branches. Oh oui ! Crains le fromager qui est chevauché depuis le pays sans adresse.
Il te faut une prédominance de rouge, de jaune et de blanc pour les plantes de ton jardin. Ogun et Oshun, les vielles divinités du pays Yoruba veilleront sur toi et ta famille. Mais toujours une larme de bleu, de la blesse du pays perdu sans adresse, pour te rappeler que Yemaya n’a pas voulu traverser les eaux troubles de l’Atlantique et que, en Manman Dlo elle séjourne dans l’océan. C’est pour cela d’ailleurs que tu vénères tant la Vierge Marie. C’est son bleu qui t’attire, qui t’appelle. Et tu te souviens.
Sauf que tu reproduis inconsciemment cette science sans conscience. Car tu as appris depuis longtemps qu’il te fallait l’oublier, l’occulter à jamais.
Tu te complais aujourd’hui dans le feng shui de la personne (que tu ne sais même pas bien prononcer) et tu penses que tu es civilisé dans le quimbois chinois, son yin et son yan. Tjiiip !
Consulte le Mès Viè Nèg, explore ses règles, ses codes et ses rituels. Il a tant de choses à t’enseigner sur toi –même, toi le survivant du Passage de la Déveine.
Il te reste à accomplir ses rites de Passage.
Ashé !