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« Tous les matins, je pars au travail avant le lever du jour. J’emmène tous les enfants du quartier à l’école. Mon bus orange est climatisé depuis peu. Ils sont contents. Moi, je n’ai jamais rien fait de mal. Je demande aux passagers de ne pas manger dans le véhicule. J’essaie de penser à tout le monde. Je suis ce conducteur de bus qui s’arrête dès qu’il peut pour rapprocher les plus fatigués. Je suis celui qui sort de son arrêt sans abuser de sa priorité. Vous pouvez demander, jamais rien fait de mal.

Mon terminus est proche de la plage, j’y fais toujours une pause si la pluie ne tombe pas. Généralement, je m’assois sur un rocher au bord de la route, mais, parfois, je m’aventure là où les passants ne vont pas. Je m’amuse souvent à deviner la forme des vagues en les écoutant attentivement. J’aperçois à peine l’écume éphémère, les sentiers en coulisse de nos cartes postales sont ceux que je préfère. Moi, je n’ai jamais rien fait de mal. J’aime fixer les rayons du soleil dont je suis épargné grâce aux raisiniers et je ne prête pas attention à nos petits insectes rouges qui s’entrelacent à mes pieds.

Mes chaussures, je les ai mises dans mon sac à dos. Il n’y a de place que pour elles et ma petite bouteille d’eau. Je n’ai pas besoin de plus que ça. Je ne fais rien de mal, moi. Quelques minutes suffisent à me sentir prêt pour le reste de la journée.

À même le sable mouillé, je me laisse porter par mes pensées. Moi, je n’ai jamais rien fait de mal. À l’écart de tous, je me sens libre. Je ne suis que rarement dérangé. Je me souviens d’un jour où une jeune femme m’a tiré de ma tranquillité. Elle me filmait, me priait de m’en aller. J’ai croisé la police sur le retour ce jour-là, ils étaient là pour moi. Moi qui n’ai jamais rien fait de mal.

Incroyable. Naturellement, la demoiselle était confuse et ses émotions ont pris le dessus. On lui a conseillé de passer au commissariat le lendemain en espérant des propos moins décousus. Je n’ai évidemment plus entendu parlé d’eux. Encore heureux ! Je le lui avais dit, à cette petite, pourtant. Je ne fais jamais rien de mal, moi. Depuis longtemps.

Alors me voilà, poursuivant ma routine à la même place, le cœur léger et la main dans mon short de bain préféré. À l’abri des regards et des rendez-vous en cabinet. À la recherche de la perle que jamais je n’importunerai. Devinez pourquoi… Je ne fais jamais rien de mal, moi. »

Retrouvez la suite ici :
L’enfant du soleil
Kan pitite an mwen
Dépression Tropicale
Chère plage, cher sable, chers arbres. Chez moi.