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Ces fils que nous tissons

C’est un peu bateau de dire qu’écrire c’est tisser. Mais après tout, on parle bien de la trame d’un film ou d’un livre pour désigner l’ensemble des fils narratifs qui constitue son intrigue. Sa partie irréductible.

C’est un autre fil que tire Giulia Parisi de son essai visuel El Camerino (dont la publication a commencé dans Zist en mai), celui d’une journée dans la vie de deux des modèles, Nayvis et Dunia. Hier, c’est Dunia, dans un cheminement qui part des banlieues de la Havane pour arriver à son centre, que nous voyions portée par son père, afin d’arriver intacte à son travail. Aujourd’hui, c’est Nayvis que nous voyons, 27 ans, couturière le jour, enseignante la nuit à des enfants délurés dans un espace culturel de la Habana Vieja… Et un rêve, celui de devenir créatrice, un jour.

Par ce biais original, nous voyons des jeunes nées bien après La Révolution, dans ces années 90, où la conséquence de la chute de l’URSS est une économie en ruine, une société marquée par la survie à tout prix. Il dresse le portrait d’un Cuba des petites gens, pas celui des héros ou des grandes postures, laissées dans l’ombre, une ombre à la portée quasi-monstrueuse. L’irréductibilité aussi, des projets et des potentiels. De la trame vers le singulier.

Au commencement de Zist, il y eut Moun Ici, cette série de mini-portraits que Simone Lagrand mène sur ses gens, comme autant  de destinées particulières, de fils épars, formant par leur multiplicité, un tout. Vivant, polyforme, souvent contradictoire, mais le dessin d’un collectif. Et c’est vers la fin, car Moun Ici finit ce mois-ci, que Simone nous parle de Simone. La tête d’épingle.

Et puis ce petit fil qui part de rien, d’une rencontre, d’un amour et d’un dialogue qui semble à sens unique. Vers où va Cher Christian ? Tout va bien mais j’ai bien peur que ce fil finisse par nous étrangler…

Zaka