« La sentimentalité, la parade ostentatoire de l’émotion excessive et contrefaite, est la marque de la malhonnêteté, de l’incapacité de ressentir … Les yeux mouillés du sentimental trahissent son aversion de l’expérience, sa peur de vivre, son coeur aride ; et elle est, comme toujours, le signal secret d’une inhumanité violente, le masque de la cruauté. »
~ James Baldwin
Baldwin a le talent insolent de faire ressentir ce qu’il définit. Quoi de plus violent que de décrire ce qui apparaît doux comme cruel. Quoi de plus faux aussi que ces débordements doucereux qui ne cachent souvent qu’une volonté de conquête et de manipulation.
Adolescents, nous nous échangions les mots, plus efficaces qu’une sortie au cinéma ou un bracelet en contreplaqué, ceux qui garantiraient notre passage à la maturité. « Je t’aime ».
Une connaissance, caricature du latino au langage fleuri et démonstratif, gentleman aux mains qui s’égarent trop souvent pour être gentil, trop vieux aussi pour ses « amours » répétés, finissait toujours son deuxième rendez-vous, par hasard, dans un magasin Swaroski qui passait par-là. « Tu sais, peut-être que toi et moi, un jour… ».
C’est gros, je sais. Mais terriblement efficace.
Et L. (Elle ? ) notre personnage de Cher Christian semble tellement douce et aimante. Tellement préoccupée du sort des gens. En tout cas elle en manifeste systématiquement l’intention à son amour-coup-de-foudre. Baldwin, ce coquin, nous évente le complot.