fbpx
ABONNEZ-VOUS A 1 AN DE ZIST POUR 5 EUROS PAR MOIS

Fantasma Neon, coincés dans la machine

Chronique de Fantasma Neon, dir. Leonardo Martinelli

Fantasma Neon est une comédie musicale brésilienne qui se déroule dans les rues de Rio de Janeiro. Ces rues s’apparentent à des dédales sans fin. On y suit la vie d’un livreur travaillant pour une app similaire à UberEats ou Deliveroo. On le voit sur son vélo, livrer à gauche et à droite, sans vraiment savoir ce qu’est la fin ou le début de son histoire. Son chemin croise parfois celui d’autres livreurs. Martinelli sublime ces moments en les mettant en scène comme autant de moment de danses, de chants, de défis. Tout cela sur un baile funk aussi envoûtant qu’inquiétant. Dans un premier temps, Fantasma Neon se lit comme un jeu.

Mais une ombre pointe le bout de son nez. Ou plutôt un fantôme qui apparaît silencieusement ici ou là. Ce fantôme s’apparente au personnage du fantôme dans Pac-Man. Vous savez ? Celui qui poursuit le héros titulaire dans les dédales du labyrinthe propre au jeu. Pac-Man se fait une métaphore de ce nouveau prolétaire, victime de la gig economy, dont la mort, symbolisée par ce fantôme qui poursuit notre livreur en vélo, guette au coin de la rue.


« Livrer des pizzas la faim au ventre, c’est fou »

Deux livreurs

Fantasma neon se traduit par fantôme de néon. On pense à notre fantôme de Pac-man, mais il y a aussi quelque chose de plus direct, c’est l’habit de notre protagoniste, de nos protagonistes. Couleurs voyantes, jaune fluo, vert fluo, rose fluo, sac de livreur rouge. Ce sont eux aussi nos fantômes de néon, que nous voyons passer sans noms, sans qu’on fasse attention, sinon pour les éviter ou pour prendre une livraison. Et le réalisateur prend le temps d’arrêter la caméra sur leurs visages, plusieurs séries de portraits rythment ainsi le film, elles crient : « retenez ces visages ! ».

« Même couleur néon, les gens ne nous voient pas »

Le film évoque une mobilisation sociale et en montre la force. Il montre aussi une fin tragique. Mais aussi une histoire d’amour et de retrouvailles. S’agit-il de choses que nous devons remettre dans l’ordre ? Ou bien devons-nous les examiner comme autant de rêves, d’univers parallèles, de fantasmes de néons ?